Delteil publie sa Jeanne d’Arc cette « biographie passionnée » en 1925, 5 ans après la canonisation de Jeanne d’Arc. Mais il n’y a chez lui, aucun calcul politique, ni aucun effet de mode, il l’aime tout simplement. Il aime sa liberté.
Il est entré en littérature depuis peu, ce « paysan à l’état brut » audois est monté à Paris en 1921, « frais émoulu de ses livres et de ses prêtres » (le séminaire de Carcassonne). Il séduit rapidement les surréalistes avec « Sur le fleuve Amour » et « Choléra », mais Jeanne sonne l’heure de la rupture, Breton la qualifie de « vaste saloperie ». Les surréalistes traitent Delteil de « converti ».
Jeanne déchaîne les passions et l’attribution du prix Fémina avive encore le scandale.
Certains catholiques jugent le livre « ignoble et sacrilège ». D’autres, certains célèbres, le défendent.
Delteil lui, affirme son dessein : « ce n’est pas une légende, pas une momie, loin du documentaire et de la couleur locale, elle est là toute neuve devant mes yeux ».
Delteil recrée une Jeanne pure et simple, il détourne subtilement la légende et l’histoire, entre le connu et l’invention.
Il tente d’abolir les barrières entre le lecteur, le narrateur et le personnage et aussi entre les siècles, et de créer « un art direct ».
En 1931, Delteil, malade quitte Paris et la vie littéraire. En 1937, il vient s’installer à La Tuilerie de Massane à Grabels, près de Montpellier, où il mène jusqu’à sa mort une vie de paysan-écri- vain, en compagnie de sa femme, Caroline Dudley, qui fut la créatrice de la Revue nègre.
Son œuvre, une quarantaine de livres lui octroie une place originale et anticonformiste, tant par sa façon de ranimer de grandes figures historiques que par son écriture qui mêle lyrisme épique, réalisme et fantaisie.