Samedi 19 Avril à 20 H. et Dimanche 20 Avril à 18 H
Jeu, conception : Florent Meyer Compagnie TRËMA
En proie à de multiples doutes, angoissé par la maladie, invité par la Princesse Taxis et Taxis, en Italie, à Duino, un château, comme une proue de navire gothique sur la mer, Rainer Maria Rilke se promène sur les rochers, entend cette phrase : « Qui, si je criais, m’entendrait dans les cohortes des anges ? » ce sera l’incipit de la première des dix Elégies, dont la rédaction s’échelonne de 1912 à 1922.
Tout au long de ce cycle, Rilke s’adresse à l’Ange, avec admiration et colère. Il est pour le poète le modèle d’une sensibilité supérieure à laquelle l’homme ne peut accéder. L’Ange qui représente sa quête d’écrivain est l’occasion d’un dialogue avec lui-même où il interroge ses doutes, son manque d’exigence. Même l’amour, où les amants sont si près d’accéder à l’ineffable, mais s’étourdissent d’eux-mêmes sans atteindre une telle possibilité, manque au désir du poète. Achevées après une interruption de dix ans, les Elégies sont le récit d’un voyage intérieur, âpre, dont l’issue n’est pas la réussite d’une écriture mais l’équilibre tendu, au plus haut degré, entre l’imprégnation sensorielle du monde et l’exploration mentale de la psyché : elles se nourrissent l’une de l’autre. Ainsi toute célébration du vivant, pour le poète, ne peut négliger l’écoute des morts, si l’Ange ne nous écoute, sachons percevoir leur voix en nous : vie et mort s’entremêlent en un cycle continu .
Aussi est-ce à la célébration des aspects matériels, quotidiens, que Rilke nous convie ; comme à l’humble contemplation du regard des bêtes, plus présent, plus profond, que celui des hommes distraits par l’ambition, la réussite ; ou l’évocation de l’enfant parti trop tôt, lui seul aurait ces capacités dignes de l’Ange…
Prix libre à partir de 5 euros.

